Open post

« A chaque commande son lot de surprises »

CATHERINE TERRASSE et MICHEL CHÊNE ont créé leur petite entreprise Kikapami en mai 1996. Tout d'abord installés dans un petit local à Ugine, ils occupent à présent à Gilly-sur-Isère un local format XXL, à l'image de leurs créations, des maquettes et des décors pour le cinéma, la télévision ou de grands groupes industriels.

Cette petite entreprise, vous l'avez créée à deux ?
Michel Chêne. Au départ nous étions quatre, avec Christine et François. Cela explique aussi le nom de la structure : Ki pour Christine, Ka, c'est Catherine, Pa, pour le surnom de François, Paradis, et enfin Mi pour Michel. Le projet était simplement d'animer des ateliers créatifs pour enfants et de vendre des petits objets de notre création. Ce n'était pas très rentable, alors on s'est vite tourné vers les agences de communication et de publicité, un domaine dans lequel nous avions travaillé avec Catherine quand nous étions à Paris.

Effectivement, vous êtes loin aujourd'hui des objets petits formats que vous proposiez à l'époque !
M.C. Oui ! Actuellement, on termine les décors d'un spectacle de huit heures qui se jouera au théâtre d'Aix-les-Bains.

On commence la construction d'une grotte pour une piscine en station, et d'un lapin de cinq mètres de haut va se retrouver tout seul à 2 400 mètres d'altitude. Il y a eu du changement dans les commandes !

Quelle est la commande la plus loufoque que vous ayez eu ?
M.C. Toutes les commandes le sont ! Entre la marmotte qui met le chocolat dans le papier d'alu, un dinosaure de dix mètres pour un musée en Suisse, des décors pour des émissions de Michel Drucker, le bison géant qui va partir à La Plagne, tout cela n'est pas très commun. C'est quand on prend un peu de recul qu'on se dit parfois : "mais qu'est-ce qu'on est en train de faire là ?". Une des dernières commandes avec laquelle nous avons eu quelques surprises : un escape game ambiance Harry Potter, un bus à impériale venu tout droit de Londres.

Je vous avoue qu'on a dû faire preuve de pas mal d'imagination pour arriver au résultat escompté. Mais quelle satisfaction à la fin !

Quelles sont vos spécificités propres ?
M.C. Cathy, c'est la cheffe d'atelier, même si elle n'aime pas qu'on dise ça ! Elle adore créer tout le mobilier qui sert pour les décors, que ce soit pour des spectacles ou des tournages de cinéma. Moi, je suis plus dans la sculpture et la communication avec les clients. Être sur les tournages, c'est presque un autre métier. Il y a des impondérables, on ne sait jamais de quoi demain sera fait. Mais quelle que soit la commande, on est tout le temps dans l'imaginaire et on aime toujours autant ça.

Propos recueillis par Christel CERRUTTI

En une phrase

Le lieu où vous vous ressourcez
« Avec nos filles. »
Votre dernier fou-rire
« Dernièrement, lors des répétitions d'un spectacle dont nous avons créé les décors. A l'arrivée sur scène du grand lapin bleu. »

Si vous aviez une baguette magique
« J'irais bien en vacances à l'autre bout du monde, ça fait un sacré moment qu'on n'est pas partis. »
Votre péché mignon
« La bouffe, toute la bouffe. J'adore manger ! »
Votre plus grande fierté
« Nos enfants. »

article extrait du Dauphiné Libéré du 1er décembre 2019

Open post

Bienvenue en 1919

Les décorateurs du film ont remonté le temps

L'équipe de décorateurs était mobilisée pour donner au film la couleur et le ton de son époque. Pari réussi à la faveur de quelques astuces...

Il a fallu 24 heures pour que la place du Connétable perde 95 ans. Michel Chêne, responsable des décors du film, explique comment il a procédé à la transformation.

« Pourquoi avoir opté pour la place du Connétable à Sancerre ?
« C'est un choix de Stéphane (NDLR : Landowski, le réalisateur). La place baignait déjà dans son jus. C'est l'avantage de Sancerre qui reste un coin typique avec beaucoup de petites rues. Pour un film d'époque, c'est avantageux.

Le travail a malgré tout été conséquent...
Nous avons pu compter sur la mobilisation des Sancerrois. A commencer par la mairie de Sancerre qui nous a fourni une charrette, de vieux tonneaux. Une entreprise à fourni le sable, une autre le foin. Nous avons aussi acheté des stères de bois, sollicité un centre équestre pour le cheval. L'idée, c'était de travailler au maximum avec les gens du coin.

S'occuper des décors d'un film dont l'histoire se passe en 1919 n'est-ce pas périlleux ?
C'est la particularité de travailler pour un film historique. Il faut éviter les anachronismes, être dans le bon ton. Pour la place du Connétable, nous avons dû enlever les boîtes aux lettres, les panneaux publicitaires, des lustres...

Comment s'effectue le travail en amont su tournage ?
L'équipe des décors reçoit un scénario. Nous proposons des croquis au réalisateur avant d'évoquer les axes de caméra qui vont être choisis. Cela permet de savoir précisément où il faut mettre l'accent sur la décoration.

A quoi reconnaît-on un bon décor ?
Il ne faut pas que le public voit les effets. Si devant l'écran, on commence à sentir le travail des décorateurs, c'est qu'on n'a pas bien fait notre boulot. »

PROPOS RECUEILLIS PAR OWENGOURDIN

Eléonore Halnais, Hugo Roussilhe, Sonia Convert, Miche Chêne (et Catherine Terrasse, absente sur la photo), ici devant la « fausse » mairie.

Eléonore Halnais, Hugo Roussilhe, Sonia Convert, Miche Chêne (et Catherine Terrasse, absente sur la photo), ici devant la « fausse » mairie.

La place du Connétable mardi matin après le tournage et avant le démontage.

La place du Connétable mardi matin après le tournage et avant le démontage.

LE CHIFFRE. 33. Comme le nombre de tonnes de sable nécessaires pour recouvrir la place du Connétable.
De la moquette avait été installée au préalable pour faciliter le démontage.

article extrait de la Voix du Sancerres du 12 novembre 2014 

Open post

Kikapami, l’art au service des décors

Installé dans une ruelle de Gilly-sur-Isère, l'atelier Kikapami reste discret. Il passerait même inaperçu. Entre ses murs se jouent des scènes parfois irréelles, sortie des têtes de deux créateurs : Michel et Catherine Chêne. A la tête de la société, ils imaginent et construisent des décors, des costumes, réalisent des trucages... Bienvenue dans le monde de l'illusoire.

La petite entreprise commence à se sentir à l'étroit. Installée dans son local de Gilly-sur-Isère depuis 2002, Kikapami, créatrice de décors en tout genre, aurait bien besoin de pousser les murs.
A la fois réalisateur, constructeur, accessoiriste, maquettiste, parfois même scénographe, le duo à la tête de l'atelier, bien que discret, ne manque pas de projets. Et possède plus d'un tour dans son sac.
D'abord maquettistes en région parisienne, Michel et Catherine Chêne se sont fait la main, au fil des années, dans le monde du cinéma et de la publicité. Jusqu'à devenir des "touches à tout".

Tous les deux à la création, lui gère davantage le relationnel avec les clients. Elle préfère l'immersion dans l'atelier, au milieu des machines. A eux deux, ils réinventent des mondes, des scènes de vie, des objets, des animaux... pour des décors d'événements, de séries de télévision, de cinéma, de publicité, de théâtre... De la conception à la pose. Ici, tout est réalisable.
A condition de pouvoir compter sur les mains habiles d'une quinzaine d'artistes. Chacun, avec sa spécialité, pose sa pierre à l'édifice et balade son talent à travers la France, en fonction des commandes.

"Nous essayons de faire un maximum de choses nous-mêmes mais malgré tout, nous recherchons continuellement des gens pour travailler avec nous, ponctuellement", assure Michel. Il suffit d'avoir envie et de connaître, un minimum, les machines. Catherine, en chef d'atelier, s'occupe ensuite de former. "Certaines des personnes qui travaillent avec nous ont un emploi à côté", assure le duo, défendant, en revanche, un point : "Nous ne sommes pas des bricoleurs." Et si Michel assure, tongs aux pieds, cheveux ébouriffés et chapeau sur la tête, aimer travailler dans une bonne ambiance, la patte Kikapami semble bel et bien prendre du poids.

Betty JANKOWSKA

 

Michel et Catherine Chêne ont créé, aux côtés de deux membres de leur famille, l'atelier Kikapami en 1996. Tous les deux à la tête de la société, ils réalisent une trentaine de décors par an. Photo DL / Sylvain MUSCIO

Michel et Catherine Chêne ont créé, aux côtés de deux membres de leur famille, l'atelier Kikapami en 1996. Tous les deux à la tête de la société, ils réalisent une trentaine de décors par an.
Photo DL / Sylvain MUSCIO

article extrait du Dauphiné Libéré du 24 septembre 2013

Scroll to top